posté le vendredi 17 avril 2009 à 11:42

Est-ce que la cour dort ?

Prisme

Aux Antilles, les veillées, pas forcément mortuaires, sont peuplées de contes qui commencent souvent, comme partout,  par un échange rituel entre le conteur et son public:« Hé ! Cric ! – Hé ! Crac !– Yé Misticric !– Yé Misticrac ! »Alors l’histoire peut commencer et le conte, après le dialogue, prend la couleur indéfinissable des métissages les plus audacieux :légendes d’Afrique et des Caraïbes, contes populaires français et récits venus de la Chine  ou de l’Inde et des héros qui sont des  crabes, des tigres, des araignées, des singes ou des lapins, des poissons ou bien des humains, noirs de peau avec un dieu blanc ou des dizaines de divinités.Lorsque le conte est bien lancé et que le conteur craint d’ennuyer ou de se sentir seul, il lance de nouveau une formule pour vérifier que fonctionne  l’écho:« Cric ?– Crac !– Est-ce que la cour dort ?– Non, la cour ne dort pas. »Mais que se passe-t-il quand on n’entend plus rien ? Est-ce le conteur qui s’est endormi ? Tous ces mois sans une note, si je n’ai plus cherché vos échos, si je n’ai pas lancé de formules, c’est que la vie, celle de tous les jours, ne m’en a pas laissé le temps.  Il y a eu les fêtes et leurs lots de questions, 2009 et des cadeaux de la vie, énormes et inattendus, qu’il a fallu intégrer à l’ensemble, des refus agréables et des publications sympathiques ou parfois décevantes, l’aboutissement de vieux projets et de nouveaux textes écrits, quelques soumissions par-ci par-là avec le suspense habituel : conviendra ? conviendra pas ?