posté le mardi 04 novembre 2008 à 23:17

Le Monde de Fernando:Les Souterriens, les Hybrides et Les Autres

LMDF 1 : Les Souterriens

En 2006, j’ai reçu comme cadeau d’anniversaire le premier tome du Monde de Fernando écrit par Hervé Thiellement.Les Souterriens sont ce qu’il reste des humains dans un futur qui a connu une terrible catastrophe. Ils vivent sous terre et sont les clones d’un nombre limité de modèles sélectionnés pour leurs particularités. Fernando est un fernand, clone de soldat qui n’apprécie guère de se déplacer en troupeau avec ses semblables. Il passe beaucoup de temps seul dans les galeries et développe des idées personnelles qui le pousseront à monter une expédition avec d’autres types de Souterriens pour regagner la surface.
La redécouverte du monde modifié, la rencontre avec des créatures intelligentes (superloups, supertaupes, etc.), les tâtonnements de Fernando et ses amis pour trouver un mode de vie qui leur convienne et l’humour de l’auteur font de cette fable une lecture rafraîchissante. J’en parle sur le site qui publiait alors mes notes de lecture. Une analyse plus poussée des ressorts philosophiques du récit en est faite par Nathalie Ruas sur ActuSF.
 

LMDF 2 : Les Hybrides

 
J’ai aussitôt fait l’acquisition du deuxième tome du Monde de Fernando :Les Hybrides, qui raconte la suite des aventures de Fernando, ainsi que  la grande famille issue des rencontres du volume précédent. Les hybrides interspécifiques développent des capacités sensorielles et une curiosité qui vont permettre d’accélérer les découvertes. Ainsi nos explorateurs redécouvriront-ils Paris, Saint Tropez, mais aussi la Libye, l’Égypte et l’Éthiopie. Ils comprendront également l’importance et l’utilité des pyramides qu’ils trouveront çà et là sur leur chemin. On peut en lire une critique ici.
 
 

 
Et ensuite ? Hervé Thiellement que j’interrogeais  lors des Utopiales 2007 m’annonçait : « Le livre troisième, Les Autres, est en cours de finition. Le premier épisode devrait être bientôt disponible gratuitement sur mon site.» Il explique les raisons de ce choix plus en détail dans l’interview .
Aujourd’hui, la promesse est tenue puisque l’on peut retrouver Les Autres en téléchargement gratuit sur le net. Ce dernier volet de la trilogie poursuit en 5 épisode l’exploration du Monde de Fernando qui ressemble encore assez au nôtre. Nouveaux hybrides et vieux Souterriens partent visiter des contrées plus éloignées : Les Amériques, le Pacifique et l’envers du triangle des Bermudes. Ils y trouvent les Autres : d’autres espèces intelligentes, d’autres pyramides à utiliser et même d’autres clones de séries inconnues remontés à la surface. La découverte, dans ce tome-ci est surtout géographique, mais le voyage vaut le détour, ne serait-ce que pour le Poisshom, l’escalade de la canopée et les méchants serpents à plumes.
Un seul regret : les éditions du Dromadaire ne proposent toujours pas de jolie couverture de Thiriet !
On peut encore trouver, quoique difficilement, les deux premiers volumes du Monde de Fernando. Pour tout renseignement sur ces trois ouvrages, on peut se rapprocher de l’auteur (fort sympathique derrière sa moustache) par le biais de son site internet : http://www.noosfere.org/thiellement/index.html
en
 


 
 
posté le vendredi 10 octobre 2008 à 23:03

Passé Recomposé

«Les temps du passé ont des noms de défaillance : imparfait, passé composé.» (Pascal Bonnafoux) Une constatation amusante et triste à la fois.

Si j’avais pu me refaire un passé, quel serait-il ?
On évoque facilement le poids du passé. Quid de la pesanteur de ne pas en avoir ? Une fois lavées des souffrances et des angoisses, que deviennent les traces des années nomades et de l’étrange compagnie que j’avais pour famille ?
Le musée de mon enfance ne comporte guère d’objets.
C’est peut-être là que se trouve l’origine de mon goût prononcé pour les images et les chansons populaires qui auraient peuplé mon paysage si j’avais grandi dans un milieu normal et joliment banal. C’est aussi, sans doute, l’explication du plaisir que j’ai à imaginer ce qu’aurait pu être le déroulement de ma vie sans les quelques joyeusetés qui me valent le surnom si pertinent de K_tastrof ?
C’est en tout cas et certainement ce qui explique ma fascination excessive pour les vieux objets chargés d’histoire. Pas la grande, la dorée, la lourde, l’imposante. La petite histoire des petites gens. La vie moyenne des masses de la classe moyenne française.
Je repense à la volupté du contact avec le mobilier d’époque à l’expo « la bande son de mai 68 » l’été dernier. Une émotion plus forte encore que lors de ma première visite au Louvres, et pas seulement à cause du frisson de la musique.
C’est cette même corde qui vibrait à l’occasion de la dernière brocante où je me suis promenée, touchant bien plus que nécessaire tandis que les odeurs de cave, de papier moisi, de poussière et de familles me caressaient les narines. Le vieux téléphone recouvert de moquette vert pomme, la vieille cafetière, les manuels de maths écornés des enfants devenus grands, l’abat-jour début 70, la veste de velours côtelé, le téléviseur jauni, les boîtes de Lego et de Playmobil, les cuivres de grand-mère, les canards en céramique, l’authentique défroisseur vapeur, le grille pain incassable (c’est beau un grille-pain !), les fers à repasser sans vapeur et la vaisselle tellement datée !
Que croyaient-ils donc exposer là, sinon leur pauvre histoire de gens ordinaire. Voyeuse, je me repaissais du spectacle de leur passé, imaginant sans effort les accessoires de chez Ikéa remplaçant les reliques étalées. Mais Ikéa, je connais. C’est facile, c’est accessible. C’est de passé que je suis avide. Alors, j’ai mis les mains à la poche et leur ai acheté pour une ou deux bouchées de pain quelques fragments de leur histoire pour mieux recomposer la mienne, « par petits bouts façon puzzle ! »

 


Commentaires

 

1. bardebrume  le 12-10-2008 à 11:49:10  (site)

Je suis tombé sur votre page par hasard.
A t il bien fait les choses?
Il semble que oui...
Je serais intéressé de connaitre votre avis sur ce que j'écris.
Je me suis lancé un jour comme ça pour voir...
Mais j'aimerai avoir un avis objectif.
Pourriez vous être cette oeil acéré ?

Merci

Bardebrume.

2. lejardindhelene  le 18-10-2008 à 17:24:08  (site)

Je crois que ces objets , tout comme les vieilles maisons nous parlent...De toute ces vies qu'ils ont cotoyées, de ces "petites gens" qui les ont utilisés...J'aime aussi poser la main et y penser...
Bonne soirée.

3. k_tastrof  le 04-11-2008 à 22:54:07  (site)

C'est juste. Ces objets ne nous parlent que parce qu'il y a eu des gens pour les faire vivre, avant de les mettre de côté. S'ils pouvaient nous raconter leur histoire...

 
 
 
posté le lundi 01 septembre 2008 à 22:47

Écrire pour ne pas mourir

En pleine reprise de mon activité professionnelle officielle, en proie au doute et déjà infestée par les microbes pathogènes de l'automne, je dispose de moins de temps et de sérénité pour écrire. C'est le risque lorsqu'on n'a pas cédé corps et âme à sa passion, me dira-t-on. Pourtant, c'est là, dans l'agitation et sous les feux croisés de ces différentes agressions que je ressens plus fort que jamais le besoin d'écrire.

Écrire et renouer avec le sens profond de ma présence au monde.
Écrire et cultiver mon regard sur ce qui m'entoure.
Écrire et me créer un monde bien à moi, ni plus doux, ni plus joyeux que la vie réelle. Le même en plus accessible, plus proche et surtout plus compréhensible.

 

 

Aucun scoop dans ce constat dont j'avais déjà l'intuition.

J'ai beaucoup écrit dans les trains, dans les lieux grouillant de monde et pendant les périodes de grande activité. Ce n'est sans doute pas par hasard que j'ai tendance à n'utiliser mes congés que pour relire et retravailler des textes nés dans la frénésie des activités quotidiennes.
Chaque écrivain a son rapport à l'écriture, son histoire avec les mots, histoire d'amour ou revanche à prendre.
J'ai souvent dit des mots, que ce sont eux qui m'ont sauvée de la mort et de la folie. C'est là le début de mon histoire avec les mots, c'est mon rapport à l'écriture, comme un lien entre moi et la vie, les autres et tout ce qui m'échappe.
Je n'écris pas tant pour me survivre que pour réussir à vivre. Ici, aujourd'hui, maintenant. L'écriture est mon frêle radeau dans le chaos du monde ambiant.

Anne Sylvestre dont j'aime beaucoup les textes pour adultes le disait déjà dans cette chanson, Écrire pour ne pas mourir qui me trotte dans la tête et que j'entends mieux maintenant :


Que je sois née d'hier ou d'avant le déluge,
j'ai souvent l'impression de tout recommencer.
Quand j'ai pris ma revanche ou bien trouvé refuge,
dans mes chansons, toujours, j'ai voulu exister.

Que vous sachiez de moi ce que j'en veux bien dire,
que vous soyez fidèles ou bien simples passants
et que nous en soyons justes au premier sourire,
sachez ce qui, pour moi, est le plus important,
est le plus important.

Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, sagesse ou délire,
écrire pour tenter de dire,
dire tout ce qui m'a blessée,
dire tout ce qui m'a sauvée,
écrire et me débarrasser.
Ecrire pour ne pas sombrer,
écrire, au lieu de tournoyer,
écrire et ne jamais pleurer,
rien que des larmes de stylo
qui viennent se changer en mots
pour me tenir le cœur au chaud.

Que je vive cent ans ou bien quelques décades,
je ne supporte pas de voir le temps passer.
On arpente sa vie au pas de promenade
et puis on s'aperçoit qu'il faudra se presser.

Que vous soyez tranquilles ou bien plein d'inquiétude,
ce que je vais vous dire, vous le comprendrez :
En mettant bout à bout toutes nos solitudes,
on pourrait se sentir un peu moins effrayés,
un peu moins effrayés.

Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, tendresse ou plaisir,
écrire pour tenter de dire,
dire tout ce que j'ai compris,
dire l'amour et le mépris,
écrire, me sauver de l'oubli.
Ecrire pour tout raconter,
écrire au lieu de regretter,
écrire et ne rien oublier,
et même inventer quelques rêves
de ceux qui empêchent qu'on crève
lorsque l'écriture, un jour, s'achève...

En m'écoutant, passant, d'une oreille distraite,
qu'on ait l'impression de trop me ressembler,
je voudrais que ces mots qui me sont une fête,
on ne se dépêche pas d'aller les oublier.

Et que vous soyez critiques ou plein de bienveillance,
je ne recherche pas toujours ce qui vous plait.
Quand je soigne mes mots, c'est à moi que je pense.
Je me regardais sans honte et sans regrets,
sans honte et sans regrets.

Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, grimacer, sourire,
écrire et ne pas me dédire,
écrire ce que je n'ai su faire,
dire pour ne pas me défaire,
écrire, habiller ma colère.
Ecrire pour être égoïste,
écrire ce qui me résiste,
écrire et ne pas vivre triste
et me dissoudre dans les mots
qui soient ma joie et mon repos.
Ecrire et ne pas me foutre à l'eau.

Et me dissoudre dans les mots
qui soient ma joie et mon repos.
Ecrire et pas me foutre à l'eau.

Ecrire pour ne pas mourir,
pour ne pas mourir.

Paroles et Musique: Anne Sylvestre   1985

 

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Commentaires

 

1. lejardindhelene  le 03-09-2008 à 08:16:44  (site)

Très beau...Mais je pense aussi à cette phrase de Marie Rouanet
" Ecrire, c'est-à-dire creuser en soi, est à double tranchant.. Si l'on éprouve la joie vertigineuse des archéologues à sortir de l'ombre des vestiges, ceux-là mêmes, fragmentaires et multicolores, mettent face au saccage du temps. "
Un peu trop juste parfois...Et on éprouve alors le besoin de laisser dormir...

2. k_tastrof  le 03-09-2008 à 20:32:12

Cette réflexion me fait penser à la psychanalyse. Est-ce encore vrai quand on n'écrit pas directement sur soi ?
Je ne connaissais pas Marie Rouanet. De quel ouvrage est tiré cet extrait ?

3. lejardindhelene  le 05-09-2008 à 11:46:48  (site)

Seuls ceux qui écrivent peuvent répondre à cette question...Cà dépend, je pense de la part de soi mise dans ses personnages...
J'ai une détestable habitude, je relève les phrases qui me plaisent dans les livres que je lis ...et j'oublie souvent de noter le titre du livre ! Et comme j'en ai lu beaucoup de Marie Rouanet...Si je ne dis pas de bêtise, il me semble que c'est dans "luxueuse austérité" ...

 
 
 
posté le lundi 28 juillet 2008 à 23:13

Plateau Télé

 

Chaque année, la surprise est la même : Eh ! mais je suis en vie !

On regarde le chemin parcouru, une route en spirale, étapes similaires, mais toujours plus près de soi.

On fait son inventaire existentiel : Qu'ai-je donc dans mon panier ?

De nouveaux rêves à accomplir, des raisons de se réjouir !
Pour fêter ça, on se fait un petit plateau télé. Comme on aime la vie, les gens et que, par conséquent, on compte très mal, on invite des copains-copines pour nous donner un coup de main.

On appelle ça un apéro-dînatoire, parce que ça fait quand même plus chic. D'ailleurs, il n'y avait même pas de télé.

 

 

 

 

 

 

 

 Merci-coucou à ceux qui sont venus et à ceux (les mêmes et d'autres ?) qui viendront l'année prochaine.

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. jmdamien  le 11-08-2008 à 01:54:45  (site)

Salut, merci de m'avoir mis dans tes favoris, ça me fais très plaisir. Damien

2. rimesoudeprime  le 08-10-2008 à 15:01:35  (site)

petite visite.

 
 
 
posté le vendredi 18 juillet 2008 à 19:11

A Lire, La Porte - Karim Berrouka

 

Un titre qui ne dit rien, de prime abord mais qui, mis en rapport avec l'illustration de couverture (un dessin vaguement médiéval, une gragouille un peu grotesque) intrigue et attise la curiosité.

Intrigué, on l'est encore après une page ou deux. Qu'est-ce donc que cette histoire de premier et de deuxième Loups Garous qui ne semblent pas se transformer et souffrent de problèmes digestifs ?

Puis, on n'y pense plus. On ne pense plus à rien, car on entre dans cette histoire loufoque, on vit, sourire aux lèvres, de surprise en surprise, ce récit théâtral, tout entier organisé de part et d'autre d'une porte ; une porte qu'on cogne, qui s'ouvre, qui se ferme, explose et se déplace.

La Porte, c'est aussi une histoire de religieux, leurs os et leur chair, leurs rites et leurs colères, leurs extases et leurs haines.

Je n'en dirai pas plus. Rien sur les barbares, ni sur le nain bardé de métal, ni sur les princesses du désert. Cette novella saura convaincre, elle-même de sa valeur ;

Lisez La Porte de Karim Berrouka. Encore une réussite des Editions Griffe d'Encre (cf. La vieille Anglaise et le continent, Les Contes myalgiques)

 


 
 
 

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