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Titre du blog : Kaleidoscope
Auteur : ktsteward
Date de création : 26-05-2008
 
posté le 01-09-2008 à 22:47:59

Écrire pour ne pas mourir

En pleine reprise de mon activité professionnelle officielle, en proie au doute et déjà infestée par les microbes pathogènes de l'automne, je dispose de moins de temps et de sérénité pour écrire. C'est le risque lorsqu'on n'a pas cédé corps et âme à sa passion, me dira-t-on. Pourtant, c'est là, dans l'agitation et sous les feux croisés de ces différentes agressions que je ressens plus fort que jamais le besoin d'écrire.

Écrire et renouer avec le sens profond de ma présence au monde.
Écrire et cultiver mon regard sur ce qui m'entoure.
Écrire et me créer un monde bien à moi, ni plus doux, ni plus joyeux que la vie réelle. Le même en plus accessible, plus proche et surtout plus compréhensible.

 

 

Aucun scoop dans ce constat dont j'avais déjà l'intuition.

J'ai beaucoup écrit dans les trains, dans les lieux grouillant de monde et pendant les périodes de grande activité. Ce n'est sans doute pas par hasard que j'ai tendance à n'utiliser mes congés que pour relire et retravailler des textes nés dans la frénésie des activités quotidiennes.
Chaque écrivain a son rapport à l'écriture, son histoire avec les mots, histoire d'amour ou revanche à prendre.
J'ai souvent dit des mots, que ce sont eux qui m'ont sauvée de la mort et de la folie. C'est là le début de mon histoire avec les mots, c'est mon rapport à l'écriture, comme un lien entre moi et la vie, les autres et tout ce qui m'échappe.
Je n'écris pas tant pour me survivre que pour réussir à vivre. Ici, aujourd'hui, maintenant. L'écriture est mon frêle radeau dans le chaos du monde ambiant.

Anne Sylvestre dont j'aime beaucoup les textes pour adultes le disait déjà dans cette chanson, Écrire pour ne pas mourir qui me trotte dans la tête et que j'entends mieux maintenant :


Que je sois née d'hier ou d'avant le déluge,
j'ai souvent l'impression de tout recommencer.
Quand j'ai pris ma revanche ou bien trouvé refuge,
dans mes chansons, toujours, j'ai voulu exister.

Que vous sachiez de moi ce que j'en veux bien dire,
que vous soyez fidèles ou bien simples passants
et que nous en soyons justes au premier sourire,
sachez ce qui, pour moi, est le plus important,
est le plus important.

Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, sagesse ou délire,
écrire pour tenter de dire,
dire tout ce qui m'a blessée,
dire tout ce qui m'a sauvée,
écrire et me débarrasser.
Ecrire pour ne pas sombrer,
écrire, au lieu de tournoyer,
écrire et ne jamais pleurer,
rien que des larmes de stylo
qui viennent se changer en mots
pour me tenir le cœur au chaud.

Que je vive cent ans ou bien quelques décades,
je ne supporte pas de voir le temps passer.
On arpente sa vie au pas de promenade
et puis on s'aperçoit qu'il faudra se presser.

Que vous soyez tranquilles ou bien plein d'inquiétude,
ce que je vais vous dire, vous le comprendrez :
En mettant bout à bout toutes nos solitudes,
on pourrait se sentir un peu moins effrayés,
un peu moins effrayés.

Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, tendresse ou plaisir,
écrire pour tenter de dire,
dire tout ce que j'ai compris,
dire l'amour et le mépris,
écrire, me sauver de l'oubli.
Ecrire pour tout raconter,
écrire au lieu de regretter,
écrire et ne rien oublier,
et même inventer quelques rêves
de ceux qui empêchent qu'on crève
lorsque l'écriture, un jour, s'achève...

En m'écoutant, passant, d'une oreille distraite,
qu'on ait l'impression de trop me ressembler,
je voudrais que ces mots qui me sont une fête,
on ne se dépêche pas d'aller les oublier.

Et que vous soyez critiques ou plein de bienveillance,
je ne recherche pas toujours ce qui vous plait.
Quand je soigne mes mots, c'est à moi que je pense.
Je me regardais sans honte et sans regrets,
sans honte et sans regrets.

Ecrire pour ne pas mourir,
écrire, grimacer, sourire,
écrire et ne pas me dédire,
écrire ce que je n'ai su faire,
dire pour ne pas me défaire,
écrire, habiller ma colère.
Ecrire pour être égoïste,
écrire ce qui me résiste,
écrire et ne pas vivre triste
et me dissoudre dans les mots
qui soient ma joie et mon repos.
Ecrire et ne pas me foutre à l'eau.

Et me dissoudre dans les mots
qui soient ma joie et mon repos.
Ecrire et pas me foutre à l'eau.

Ecrire pour ne pas mourir,
pour ne pas mourir.

Paroles et Musique: Anne Sylvestre   1985

 

 

Commentaires

lejardindhelene le 05-09-2008 à 11:46:48
Seuls ceux qui écrivent peuvent répondre à cette question...Cà dépend, je pense de la part de soi mise dans ses personnages...

J'ai une détestable habitude, je relève les phrases qui me plaisent dans les livres que je lis ...et j'oublie souvent de noter le titre du livre ! Et comme j'en ai lu beaucoup de Marie Rouanet...Si je ne dis pas de bêtise, il me semble que c'est dans "luxueuse austérité" ...
k_tastrof le 03-09-2008 à 20:32:12
Cette réflexion me fait penser à la psychanalyse. Est-ce encore vrai quand on n'écrit pas directement sur soi ?

Je ne connaissais pas Marie Rouanet. De quel ouvrage est tiré cet extrait ?
lejardindhelene le 03-09-2008 à 08:16:44
Très beau...Mais je pense aussi à cette phrase de Marie Rouanet

" Ecrire, c'est-à-dire creuser en soi, est à double tranchant.. Si l'on éprouve la joie vertigineuse des archéologues à sortir de l'ombre des vestiges, ceux-là mêmes, fragmentaires et multicolores, mettent face au saccage du temps. "

Un peu trop juste parfois...Et on éprouve alors le besoin de laisser dormir...